Week-end Ironlakes (Triathlon)

Le 18 septembre, la Runnin’Grez Tri Team s’alignait sur son objectif de la saison. Ou plutôt, les objectifs car le moins qu’on puisse dire c’est que c’était deux salles, deux ambiances ce week-end-là. D’un côté on avait Titi et Géraud. Pas préparés pour un sou, peu d’entraînement et…zéro pression. L’objectif était affiché : course-plaisir ! Et puis on avait Gus, le bon élève. Deux ans de préparation (suite à l’annulation de la course l’année précédente) qui pouvait enfin s’aligner sur son premier triathlon distance ironman. Et la prépa a payé ! Quelle belle prestation il nous a sorti ! Mais il nous racontera ça très prochainement.

Je vais simplement ici vous dire quelques mots sur ma course, et par conséquent sur celle de Titi puisqu’on ne s’est pratiquement pas lâchés d’une semelle.

Dans les jours qui précédaient la course, la motivation n’était pas vraiment au rendez-vous pour moi. Il faut dire que les très nombreuses blessures de l’année précédente et le manque de prépa ne me mettaient pas en confiance. De plus, ma dernière expérience sur half ironman fut plutôt mitigée. En effet, malgré un super week-end passé avec les copains et de bonnes sensations à vélo, la course à pied fut complètement gâchée par de terribles crampes d’estomac. Je craignais donc que la situation ne se répète (surtout avec le manque d’entraînement) et ne transforme la fin de course en un nouveau calvaire. Cet état de fait avait toutefois un avantage : pas de motivation, ça veut aussi dire pas de pression. Je pense n’être jamais parti aussi détendu sur une course. Aucun objectif en vue si ce n’est prendre du plaisir, retrouver des sensations et m’amuser avec Titi.

 

C’est donc tout naturellement qu’après une mise en place des transitions un peu mouvementée (un tri, c’est quand même beaucoup de chipot et on était un peu rouillé), on prend le départ de la nage en toute fin de peloton afin de ne pas être pris dans la « machine à laver ». Et quand je dis toute fin de peloton, je ne rigole pas, il y avait peut-être 10 coureurs encore derrière nous. Je n’ai pas grand-chose à dire sur la nage qui se passe tranquillement. On se prend quand même quelque coups, notamment à proximité des bouées mais rien d’inhabituel. Moi je me perds un peu en cours de route, vise une mauvaise bouée et fait quelques dizaines de mètres de trop mais rien de bien grave. Je sors de l’eau conscient de n’avoir pas été très rapide mais satisfait d’avoir su poser ma nage. La journée commence bien, je me suis déjà amusé à l’eau. Et, étant mauvais nageur, ce n’est pas toujours le cas. Je me dirige alors vers la zone de transition (T1) où je retrouve Titi occupé à se sécher les orteils et je me prépare gentiment pour le vélo. Là encore, rien à voir avec le stress habituel où je me précipite pour être le plus rapide possible. Aujourd’hui c’est balade champêtre alors je prends mon temps. Et paradoxalement, ce relâchement fait que, si je ne réalise pas une transition éclair, elle reste très correcte. Je redémarre donc et Titi m’emboîte la roue.

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C’est parti pour 92km à vélo. Là on est vraiment dans notre univers. Il fait magnifique, on est sur nos vélos, le parcours est splendide et les autres concurrents ont tous, comme nous, le sourire. Autant dire qu’on ne s’ennuie pas. Nous partageons donc Titi et moi de nombreux kilomètres. Nous tâchons toutefois de ne pas trop nous rapprocher trop l’un de l’autre car le drafting (le fait de prendre l’aspiration d’un autre concurrent pour économiser de l’énergie) est interdit. Dans le premier tour, c’est clairement Titi qui met le rythme. Je me méfie d’un départ trop rapide et je le laisse souvent partir dans les côtes. Avec mon profil de rouleur, je préfère le rattraper sur les sections plates. Dans le second tour, les rôles s’inversent. Titi coince un tout petit peu et une remarque d’un juge un peu trop tatillon concernant un dépassement qu’il jugeait trop lent lui donne un coup sur le moral. Je tente de le remotiver un peu et de l’encourager comme il a fait pour moi au premier tour mais on décide assez vite de ne pas prendre le risque d’une deuxième remarque qui pourrait lui valoir une pénalité. Je me place donc un peu plus loin devant, tout en m’assurant qu’il puisse toujours m’avoir en point de mire (ou presque, j’avoue avoir été distrait à un moment…oups). A une dizaine de kilomètres de l’arrivée, il me lance de partir devant. Je le prends au mot. En effet, je me suis beaucoup économisé depuis quelques kilomètres et cette dernière section est faite pour moi : globalement plate, bon revêtement, très roulante. Je décide donc de me faire plaisir, je m’allonge sur les prolongateurs et je pousse sur les pédales. Je me sens bien et je peux profiter de super sensations. Le pied. J’ai toutefois la ferme attention d’attendre Titi une fois arrivé à la course à pied. Solidarité Runnin’Grez.

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Je fais donc ma seconde transition (« T2 ») tranquillement et je démarre. Mais très rapidement, je me mets de côté et j’attends quelques minutes que Titi me rejoigne. Il s’était accroché à un autre (très sympathique) concurrent pour se donner un rythme. Quand ils arrivent à ma hauteur, je leur emboîte le pas et c’est à un bon rythme qu’on entame le premier des trois tours de 7 km. Des petits tours fort sympathiques mais un peu usant. Les 2/3 faux plats font couiner les jambes déjà un peu fatiguée et les nombreux virages du retour le long du lac brouillent les repères et rendent l’estimation des distances difficile. Toujours est-il, le premier tour se passe bien. On avance à un bon rythme au point que notre compagnon de course (qui avait un tour d’avance sur nous) lâche. On se souhaite bon courage pour la fin, on ne se reverra plus. Le deuxième tour, c’est une autre paire de manche. A partir de la moitié de la boucle, c’est moi qui commence à coincer. Le manque d’entraînement se fait sentir et je sens que je commence à faiblir musculairement. D’ailleurs, les genoux et surtout les mollets vont commencer à couiner, signes qui ne trompent pas. Et heureusement que j’ai Titi avec moi à ce moment-là, il ne me lâche pas d’une semelle et me force à mordre sur ma chique. On garde du coup quand même un bon tempo. C’est douloureux mais c’est la douleur qu’on aime bien, celle de l’effort, celle qu’on peut maîtriser. Et, cahin-caha, Titi m’amène jusqu’à notre troisième tour. Et là, le miracle, le second souffle. C’est toujours dur bien sûr et les muscles en ont marre mais je retrouve du dynamisme et de l’allant. Et le rythme s’accélère. On lâche presque (!) sans le vouloir la coureuse sur qui on avait calqué notre vitesse lors des derniers kilomètres et on commence à remonter de nombreux concurrents. Ce n’est évidemment pas le but mais, l’euphorie se mélangeant à la douleur, on se fait plaisir. Mais on n’en n’oublie pas pour autant d’adresser un petit mot, voir une tape dans le dos à chaque coureur dépassé. On est tous dans le même bateau, on connaît tous la même douleur. C’est quand même chouette les fins de pelotons, il y a une belle solidarité.

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On arrive enfin à l’arche. Titi insiste qu’on la passe au sprint. Beaucoup plus explosif que moi, il me passe sans soucis mais freine brutalement pour me faire passer devant. Décidément, le fair-play sera le maître mot de la journée.

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Alors qu’est-ce que je retiendrai de cette promenade de 115km ? Simplement que c’était une de mes plus belles courses depuis longtemps ! Évidemment, à un moment ou l’autre je retournerai à des courses « performances » (si on peut parler de perf à mon petit niveau !) parce que j’aime ça. J’aime me pousser jusqu’à la limite de ce que je peux faire et voir si j’arrive à repousser cette limite de course en course. Mais cette journée m’a rappelé l’intérêt du lâcher-prise. Être performant, c’est comme être productif : c’est bien, parfois important, voire indispensable. Mais de temps en temps, on a tout intérêt à tout envoyer péter et de profiter d’un bon moment avec un pote. Et si au passage on arrive à échanger quelques moments de rigolades avec des inconnus rencontré le long du chemin, c’est encore mieux.

Alors pour moi l’objectif est clair. Cet hiver : je travaille ! Parce que c’est gai de courir/rouler vite alors l’année prochaine je veux pouvoir me donner sur les courses. Mais promis, de temps en temps, je ferai une course déconne en mode « promenade champêtre » avec un pote ou l’autre. Et on va bien rigoler !