Ohm Trail / compte-rendu

Bonjour à tous.

Voilà déjà quelques temps que vous n’avez plus eu l’occasion de lire un compte rendu sur une quelconque course de ma part. Malheureusement pour vous, les vacances sont finies ! :p
Quelques mots de contexte d’abord. Depuis plusieurs mois, n’ayant plus trop le temps de sacrifier des journées entières pour partir à l’aventure sur l’un ou l’autre trail, je me suis souvent « rabattu » sur les challenges du Brabant Wallon. Bon, je suis un peu dur, ce n’est pas aussi déprimant que ça en a l’air. Au contraire, ça m’amuse d’essayer d’accrocher Vincent sur ces courses où pour l’instant il tourne comme une machine bien huilée. Oui mais voilà, il y a eu la manche de Hèze. Une manche qui se déroulait à la maison et où j’avais à cœur de bien faire. Malheureusement ce jour-là, tout mon mental n’a pu m’aider à passer au-dessus d’un coup de chaleur qui m’a frappé à mi-parcours. C’est donc après 7km à l’agonie que je boucle le parcours avec 6 minutes de retard sur Vincent.
En soi, rien de grave mais bon, souffrir autant pour un résultat si mitigé ce n’est pas top. Mais cet évènement m’a rappelé à mes premiers amours et m’a donné envie de délaisser un peu les parcours courts et intenses des CBW pour retourner gambader pendant des heures à travers bois et campagnes lors de trails.
C’est donc ce que j’ai fait le wek-end passé. Et quel trail ai-je choisi à cette occasion ? Je vous le donne mille : l’Ohm trail c’est-à-dire « le trail le plus dur de Belgique » (sic l’organisation). Et pour compléter l’affaire, je choisis de m’aligner sur l’épreuve reine : le 35 km. Epreuve reine car avec ses 1950 m de dénivelé positif sur 35 km, c’est tout simplement le ratio D+/distance le plus élevé de Belgique. Pour information, Sierre-Zinal, la course dans les alpes suisses que plusieurs membres du club ont faite l’été passé compte 22OOm D+ pour 31 km…

Et donc ce dimanche 05 juin, c’est un peu stressé que je me mets en route pour Aiwyaille. Je n’ai en effet plus fait de longue distance depuis près d’un an. Pour ne rien arranger, il fallait évidemment que je me perde avant d’arriver sur place. C’est donc un peu tendu et un peu à la bourre que j’arrive sur place pour le retrait du dossard et pour déposer mon sac à la consigne. Et c’est là que j’aurais un reproche à faire à l’organisation (et c’est bien le seul !) : incapable de gérer une telle affluence dans une salle si petite, tout le monde se marche dessus et on perd beaucoup de temps. A tel point que je suis encore en train de tenter de faire accepter mon sac à la consigne que le starter (un peu nerveux de l’avis général puisque de nombreux coureurs ont également été surpris) donne le départ. Quel début de course ! Ca devait être folklorique de me voir en train de trottiner en accrochant mon dossard et en ajustant mon matériel pour ne pas perdre trop de temps alors que le peloton est déjà plusieurs centaines de mètres plus loin. Heureusement je ne suis pas seul dans ce cas, une petite dizaine d’autres coureurs se trouve même derrière moi. La différence par contre est que, prévoyant que la course serait longue et dure, je refuse de presser l’allure pour recoller au peloton malgré cette sensation inconfortable qu’on ressent d’être si loin derrière tout le monde dès le début de la course ^^. Les autres coureurs ne prennent pas cette précaution et je crois qu’ils l’ont payé par la suite. C’est donc en toute queue de peloton que j’entame la première côte. Elle est longue…très longue, elle est pentue…très pentue mais l’allure en fin de peloton est très faible donc je la passe sans trop me fatiguer (si ce n’est à essayer de dépasser un maximum de personnes).
Je vous rassure, je ne vais pas vous faire un compte rendu chronologique du déroulement de la course. Et ce tout simplement parce que j’en suis incapable :D. En effet, contrairement à Sierre-Zinal, le profil était très varié et était constitué d’une alternance (apparemment sans fin ^^) de côtes et de descentes. Et après quelques heures de course, n’ayant plus l’esprit très frais, toutes ces côtes ont fini par se mélanger dans mon esprit.
Quelques passages ressortent tout de même.
Je pense à cette côte extrêmement pentue et tout aussi boueuse. Après le passage de plusieurs dizaines de coureurs, il y était presque impossible d’y trouver une surface qui adhérait un tant soit peu. Je fais appel à votre imagination ici. Imaginez cette côte. On est en forêt (avec un couvert dense de hêtres, il fait donc assez sombre). Il fait très humide. Cette humidité est d’ailleurs renforcée par une légère brume qui persiste. On est au pied de la côte, elle est impressionnante. On lève les yeux pour voir où on veut aller et là, on a la chance de pouvoir observer un ballet de sportisf, habitués à courir, à vouloir aller toujours plus vite à quatre pattes dans la boue n’osant bouger un de leur appuis qu’avec d’infinies précautions tels des équilibristes qui pourraient à tout moment glisser et retomber quatre mètres en arrière. Peut-être que cela ne vous fait rien et qu’il ne s’agissait que de la fatigue de la course mais je vous assure que sur le moment cela m’a beaucoup amusé ! 😀
Je pense également à ce passage après le deuxième ravito. Il s’agit d’une longue descente caillouteuse à flanc de colline. Le soleil perce et on se retrouve devant un enchaînement de collines boisées et soudain, on a quitté la Belgique pour les Vosges. Je ne connaissais pas ce coin mais quelle découverte !
Un autre passage absolument merveilleux dont j’avais déjà beaucoup entendu parler mais que je n’avais encore jamais vu c’est le Ninglinspo, une petite vallée encaissée où s’écoule un cours d’eau qui ressemble plus à un petit torrent montagnard qu’à une paisible rivière de plaine. C’est un endroit magnifique où il faut faire comme le torrent et jouer avec les blocs de quartzite qui pavent notre route. Vous l’aurez deviné, le passage peut également être technique : il faut jouer les équilibristes sur les blocs mouillés, traverser à maintes reprises le cours d’eau sur des cailloux glissants, passer de petits ponts étroits,… et cela ne fait que rajouter au plaisir !

Mais même si tous ces passages (et bien d’autres encore) me font dire que ce trail est l’un des plus beaux qu’il m’ait été donné de faire, la course ne se limite pas à ça. C’était une course assez longue : elle s’est gagnée en environ 3h30, il m’a fallu 5h30 pour arriver au bout et les derniers arrivants ont mis plus de 8h30. Se retrouver à faire des efforts si longs, tout seul dans des endroits que l’on ne connait pas, peut apporter beaucoup à qui sait profiter de l’occasion. Je n’ai pas envie ici de détailler toutes les pensées qui m’ont traversé l’esprit (on y serait encore demain) ni de faire un discours sur la course à pied comme une forme de méditation. Je souhaite juste vous encourager à ne pas voir la course à pied simplement comme une activité sportive et/ou sociale. Comme beaucoup de sport (mais c’est dans la course à pied que je trouve que ce sentiment est le plus fort), cette activité nous permet d’apprendre beaucoup sur nous. Si on prend le temps et le recul nécessaire pour s’écouter, s’étudier soi-même, beaucoup des leçons qu’on tire de la course à pied peuvent alors être transposées dans notre vie quotidienne. Où place-t-on nos priorités, comment réagit-on face à l’effort, à la souffrance, quelle est notre capacité de lâcher-prise, est-on capable d’identifier un problème qui arrive soudainement et à y réagir,… ? Toutes ces questions qui sont nécessaires pour trouver un équilibre au quotidien sont difficiles à se poser. Notamment parce qu’elles sont souvent abstraites ou liées à un contexte émotionnel qui fait que leur analyse rationnelle est difficile. L’avantage de la course à pied est qu’elle donne un cadre qui matérialise ces questions et que ce cadre a lieu dans un univers de plaisir (c’est quand même une activité de loisir 😉 ). On peut donc réfléchir à tout cela de manière calme et concrète pour en tirer le maximum.

Je pourrais encore déblatérer pendant des heures sur les apprentissages mentaux et physiques que m’a apportés cette course ou sur les magnifiques paysages observés ou encore sur l’ambiance et la solidarité toute particulière au trail running mais je pense que c’est suffisant pour aujourd’hui. Je préfère ne pas vous dégoûter tout à fait sinon vous ne voudrez plus jamais me lire.

Alors à bientôt sur les chemins 🙂

Géraud